Peu consommateur en eau, cultivé en grande partie en France, le chanvre pourrait devenir une alternative au coton. Le travail mené par le Pôle européen du chanvre pour une fibre longue adaptée au tissage et au tricotage va en ce sens pour des produits qui intègreraient un maximum de chanvre.
Un objectif clair : augmenter la part du chanvre dans le textile.
« Trois organisations du textile : l’Union des Industries textiles de Champagne-Ardenne, le Syndicat textile de l’Est et le Pôle textile Alsace, travaillent en synergie sur l’organisation de la filière en Grand Est. Nous avançons ensemble sur l’utilisation et le déploiement des fibres libériennes et notamment du chanvre », explique Sylvia Maucort, déléguée générale de l’UIT-CA et animatrice du groupe technique Textile du Pôle européen du chanvre.
« Les trois organisations se positionnent sur trois pôles différents avec des entreprises différentes. Il faut donc adapter les développements et raisonner en savoir-faire. A Troyes, c’est le berceau de la maille souple et le travail du coton. Dans les Vosges, avec le Syndicat textile de l’Est, nous sommes sur le linge de maison tandis qu’en Alsace, ce sont plutôt les textiles techniques. »
Écrire le cahier des charges du chanvre textile
Le chanvre émerge parmi les matières en vogue. Sa production de proximité, sa faible consommation d’eau, la volonté grandissante de mettre en place des circuits courts, les atouts écologiques du chanvre, tout concorde pour pousser son utilisation dans les textiles. La pandémie a renforcé cette volonté de produits en chanvre.
Avec une ambition d’avoir un fil 100% chanvre d’une grande finesse, les développements sont en cours. L’intégration du chanvre pourrait être progressive avec dès aujourd’hui des textiles contenant 25 ou 35 % de chanvre. Des fils sont déjà disponibles, en mélange coton chanvre. On peut mélanger la fibre de chanvre avec d’autres matières, notamment du coton, en mélange intime ou durant le tissage. A ce jour, cela donne une matière encore un peu rêche. Si elle n’est pas adaptée au contact de la peau, elle peut cependant être utilisée pour des accessoires comme les sacs et remplacer la toile de jute », explique Sylvia Maucort.
« Pour répondre aux industriels, il faut avoir une offre de fils variés, pour qu’ils puissent faire des tests. Nous devons aussi travailler sur les caractéristiques des fibres pour en définir la technicité et la spécificité. C’est ainsi que nous pourrons répondre aux marchés de ’habillement ou du textile technique ».
Développer les outils industriels qui manquent sur le territoire
Aujourd’hui, les fibres sont envoyées en Espagne ou en Turquie pour être transformées en fils. Cela complexifie les développements et la recherche. « Nous avons
un retard à rattraper. La réalisation de tests en laboratoire doit permettre de rationaliser les projets et de gagner en autonomie pour prévoir les financements à mettre en place.
Le Pôle européen du chanvre joue un rôle de catalyseur pour le déploiement du chanvre en textile. Il permet en effet le recensement des besoins pour que l’offre corresponde aux attentes du marché. Il met en relation l’ensemble des acteurs de la bioéconomie dans le cadre de la structuration d’un écosystème global autour du chanvre.