Le chanvre, une production sécurisée et contractualisée
La Chambre d’agriculture, partenaire du Pôle européen du chanvre
Le Pôle européen du chanvre structure l’écosystème de la filière chanvre pour élargir l’utilisation du chanvre industriel à de nouveaux secteurs : construction, automobile, textile, alimentaire, cosmétique… Pour alimenter ces nouveaux marchés, l’anticipation des besoins en production et l’amélioration constante des itinéraires techniques sont essentielles.
« Les agriculteurs sont prêts à cultiver du chanvre pour répondre aux différents marchés ». Pour Jean-Luc Follot, responsable Territoires à la Chambre d’agriculture de l’Aube et animateur du Groupe technique « procédés et production » du Pôle européen du chanvre, « la filière chanvre attire les agriculteurs. Il n’y a pas besoin de faire de publicité aujourd’hui car il y a plus de demandes que de débouchés. Il y a même une liste d’attente ».
Et pour cause : la culture du chanvre fait l’objet d’un contrat avec l’industriel sur le tonnage et la qualité attendue. Elle ne dépend pas des cours mondiaux et sécurise les revenus des agriculteurs. Il s’agit donc d’un marché basé sur une commande en amont. Dans la région Grand Est, La Chanvrière établit ainsi les contrats de production selon les engagements de débouchés qu’elle détient et le produit attendu : chanvre roui ou pas par exemple.
Une culture aux faibles contraintes sauf à la récolte
Plutôt simple à mettre en place, le chanvre se cultive sans pesticides et nécessite assez peu d’azote. D’où l’engouement des agriculteurs. La période de récolte s’avère plus contraignante car elle dépend des conditions climatiques nécessaires au séchage et pressage de la paille qui est ensuite stockée sur l’exploitation. Enfin, une rotation avec un retour de la culture tous les 3-4 ans sur une même parcelle est conseillée. « Cela implique que l’agriculteur intègre bien les contraintes de la culture surtout liées à la récolte et au stockage avant d’envisager d’intégrer la culture sur son exploitation », précise Jean-Luc Follot.
Un accompagnement éclairé de l’agriculteur
La construction du Pôle européen du chanvre prend ainsi une place essentielle pour l’avenir de la filière et son développement. Des nouveaux marchés et nouvelles applications à base de chanvre dépendront l’augmentation des besoins et donc l’accès aux agriculteurs à cette diversification. « Sans production, il n’y a pas de filière. Il s’agit surtout de voir comment le producteur s’y retrouve financièrement et comment on sécurise l’industriel en quantité et en qualité ».
La Chambre d’agriculture aide l’agriculteur dans ses choix de diversification. « Nous lui demandons ses attentes, ses motivations, et le conseillons, lui fournissons des éléments chiffrés, travaillons sur les coûts de production mais au final c’est bien lui qui prend la décision quant à l‘orientation de son entreprise ». La plupart des agriculteurs qui intègrent le chanvre dans leur culture se regroupent et mutualisent leur temps et leur matériel pour la récolte.
Le groupe « procédés et production » au carrefour des autres groupes techniques
Constitué d’une trentaine de participants dont huit agriculteurs, le groupe technique « procédés et production » du Pôle européen du chanvre est animé par Jean-Luc Follot. Les réunions de travail ont fait émerger cinq thématiques principales : agronomie, carbone, qualité, récolte et revenu.
Améliorations agronomiques
Pour l’agronomie, le désherbage mécanique et l’implantation figurent parmi les sujets prioritaires. Il convient d’affiner les dates de semis optimales, les étapes de travail du sol, la gestion des couverts d’interculture – par exemple la date et la méthode de destruction des couverts – pour favoriser une bonne implantation du chanvre. Des parcelles expérimentales sont ainsi implantées chez les agriculteurs pour tester et identifier les bonnes pratiques.
Augmenter les rendements
En parallèle, chaque année, une enquête nationale est menée par Terres Inovia , membre du groupe technique, auprès de tous les producteurs de chanvre. Autant de témoignages et de références qui permettront d’identifier les facteurs clés de succès de la culture du chanvre. L’étude débouchera sur une analyse des rendements obtenus selon les terroirs et les procédés mis en place. De quoi construire une véritable base de données et de connaissances nécessaires à l’évolution des techniques culturales.
Le chanvre séduit de plus en plus d’agriculteurs et poursuit son développement. La structuration des débouchés industriels va à mesure du temps calibrer la demande en matière première. La nouvelle usine de La Chanvrière à Saint-Lyé a doublé sa capacité de production et devrait permettre une montée en puissance de l’approvisionnement. Autant de signaux favorables pour l’essor d’une culture saine et rémunératrice. Et d’une économie structurée et rentable.
Essais et travaux du groupe technique « procédés et production » du Pôle européen du chanvre. Exemples.
1 – Le désherbage mécanique
Des parcelles d’essai sont mises en place chez un agriculteur pour tester les méthodes et outils de désherbage des champs de chanvre.
La herse étrille et la bineuse à céréales sont comparés à différents stade de la culture Le test permet de mesurer l’efficacité des méthodes et leurs répercussions sur la culture afin de faire des recommandations.
2 – Revenu
Mise en place d’un observatoire des charges et des coûts de production.
Analyser les exploitations et détecter celles qui génèrent le meilleur rendement. L’expliquer.
3 – Azote
Faut-il fertiliser différemment le chanvre selon son utilisation.
Quelle méthode de récolte préconiser : graine et paille ensemble ou séparément ? Des expérimentations seront mises en place au printemps 2022.