De fibres en aiguilles
Du partage, de l’information et des travaux interentreprises. Le groupe technique Textile du Pôle européen du chanvre regroupe les acteurs de la chaîne de valeur pour anticiper les besoins en fibres et en fils nécessaires au développement et au positionnement de la filière.
« Aujourd’hui, le Pôle européen du chanvre permet un partage d’informations sur la filière chanvre en textile. Nous connaissons donc les attentes des industriels. S’il est encore trop tôt pour évoquer des projets, on sent que le sujet interpelle les entreprises. » explique Sylvia Maucort, animatrice du Groupe technique textile du Pôle et déléguée générale de l’Union des industries textiles de Champagne Ardenne.
Un partenaire clé, au cœur de la renaissance industrielle textile en Grand Est
L’UIT CA représente les industries textiles sur le territoire Grand Est. Il est associé avec le Syndicat textile de l’Est et le Pôle textile Alsace. L’UIT est une organisation nationale qui regroupe 2100 entreprises et 62000 emplois pour un chiffre d’affaires de 13,3 milliards d’euros. Elle fédère des PME et ETI qui exercent une activité textile : filature, tricotage, ennoblissement, confection, etc. L’organisation œuvre ainsi auprès de tous les acteurs pour accompagner le redéploiement de l’activité textile en France. Ceci par la coordination des relais de croissance et l’innovation comme l’utilisation des fibres de chanvre. Environnement, impact carbone, eau et volonté de se recentrer sur une production de proximité avec une maîtrise de la filière sont autant de sujets qui donnent en effet un coup d’accélérateur au développement de la bioéconomie du chanvre..
Le groupe textile compte une vingtaine de participants, de l’amont agricole aux marques de l’habillement, avec notamment des industriels du textile et des laboratoires de recherche qui mettent en commun leurs connaissances sur les fibres. Utilisé pur ou en mélange, le chanvre intéresse des industries différentes et les applications orientent les recherches. « Nous devons faire connaître les matières existantes et déterminer les besoins en chanvre de la filière ».
Le Grand Est s’engage sur les fibres végétales
En France aujourd’hui, il n’y a quasiment plus de filatures. Pour avoir du fil, il faut donc se tourner vers l’Espagne ou la Turquie. Pour Sylvia Maucort, « nous devons pouvoir faire des tests et être autonomes en matière première. Il nous faut par conséquent rattraper le retard en R&D, déterminer quelle fibre correspond à quel usage et en connaître les spécificités comme la durabilité, la résistance ».
Pour avancer sur ces sujets, la création du Pôle européen du chanvre est essentielle. De même, la signature de la Charte pour le développement des fibres végétales en Région Grand Est va susciter des appels à projets pour faire avancer le sujet chanvre. « Il faut identifier les étapes à suivre, lever les freins sur les différents marchés et travailler sur la préparation des fibres ». Avec une vision transversale des projets, le Pôle européen du chanvre favorise les synergies. « Nous envisageons de créer des passerelles entre le groupe textile et celui des agriculteurs pour agir sur la partie amont agricole ». Cela nous permettra ainsi d’échanger sur les différents cahiers des charges de production de la matière en fonction des caractéristiques des fibres attendues selon les marchés d’application.
Un vaste champ d’action pour le chanvre textile
Le sujet se complexifie au regard de la partie aval, avec des industriels qui peuvent avoir des attentes très différentes. Pour un jean, ils peuvent travailler avec une fibre mélangée. Alors que pour un sac, une fibre plus rêche sera acceptable. Pour l’industrie des textiles techniques, les caractéristiques peuvent être encore différentes, avec des usages de non-tissé ou des textiles fonctionnalisés.
Le tout, sans perdre de vue l’angle économique et historique du savoir-faire textile. Par ailleurs, la crise sanitaire a mis l’accent sur des productions locales, durables et responsables. Et une demande de fils 100 % chanvre assez fins pour des usages en habillement…
La construction de l’écosystème du chanvre prend alors tout son sens. Rassembler autour d’un même projet l’ensemble des acteurs d’une filière textile à la chaîne de valeur très fragmentée du champ au produit fini sur un même territoire.