Estelle Delangle, Cheffe de projet Pôle européen du chanvre, et Grégory Lannou, Directeur du CEIA, reviennent sur le rôle écologique et industriel du chanvre et les logiques de coopérations territoriales mises en place dans le cadre projet de Pôle européen du chanvre.
Estelle Delangle, Cheffe de projet Pôle européen du chanvre
Quel est le lien entre chanvre et économie circulaire ?
Le chanvre est une plante locale par excellence, qui a une double particularité : son intérêt écologique et agronomique indiscutable et la valorisation à 360° de toutes ses composantes. Il n’y a potentiellement pas de déchet lorsqu’on récolte et qu’on transforme le chanvre. Par ailleurs, le chanvre implique par nature le développement de coopération entre les acteurs de filières très diverses à l’échelle d’un territoire. Il s’agit donc d’une plante qu’on pourrait considérer comme un symbole de l’économie circulaire.
Pouvez-vous citer des exemples ?
Prenons la question de l’eau. Les tensions sur cette ressource, que ce soit en qualité ou en quantité, vont augmenter dans les années qui viennent. Le chanvre apporte plusieurs réponses à ces chantiers : sa culture ne nécessite l’utilisation d’aucun produit phytosanitaire et les besoins en azote sont limités. Son système racinaire très développé permet au chanvre de pousser sans irrigation.
Dans le secteur du bâtiment ou de la plasturgie, le chanvre est une alternative à des matières premières importées, minérales, issues de la pétrochimie ou très consommatrices de ressources communes. Dans le secteur alimentaire, la valorisation de graine de chanvre (chènevis) permet de développer les circuits courts, de créer des opportunités de réindustrialisation de certaines filières ou encore de favoriser la captation et stockage de carbone.
Grégory Lannou, Directeur du CEIA
Quel est le rôle du CEIA dans le projet du Pôle européen du chanvre ?
Le Club d’Ecologie Industrielle de l’Aube travaille depuis toujours sur les actions de coopération entre les acteurs économiques d’un territoire ou d’une filière à travers les synergies de ressources. C’est la raison pour laquelle le Club intervient en tant que partenaire sur les travaux de préfiguration du Pôle européen du chanvre. Il a notamment animé le groupe technique Bioraffinerie – Economie Circulaire. L’objectif de ce groupe technique était d’ancrer le projet dans une dynamique d’économie circulaire en optimisant les boucles de flux et de ressources. Cela dans le but de limiter les impacts environnementaux de la bioraffinerie territoriale du chanvre. Opérationnellement, cela consiste, fort des conclusions des autres groupes techniques orienté marchés applicatifs, à modéliser le flux entrants et sortants autour de la Chanvrière implantée sur la zone d’activité de Troyes – Saint-Lyé. L’idée était d’envisager comment faire de cette zone une bioraffinerie du chanvre et une symbiose industrielle.
Pourquoi le CEIA va-t-il rejoindre le Pôle européen du chanvre ?
Après plus de deux ans au sein du groupe de préfiguration du Pôle européen du chanvre, le CEIA a grandi aux côtés des autres partenaires. Nous avons abouti à une œuvre commune mature dont la prochaine étape est la formalisation. Il est impensable de nous arrêter au milieu du chemin. Le Pôle européen du chanvre donne des perspectives de développement à la filière chanvre et aux territoires qui l’accueillent. Nous souhaitons y être associés. Nos travaux de modélisation pourront certainement être perfectionnés et réutilisés, et d’autres coopérations pourront voir le jour. C’est dans cet esprit d’ouverture et de d’initiative collective que nous abordons les prochaines échéances.